Quel est le titre du livre ? | Cederström, C., Spicer, A. (2016). Le syndrome du bien-être (traduit par E. Jacquemoud). L’échapée. |
Quel est le sujet du livre ? | Carl Cederström et André Spicer proposent d’analyser la place, toujours plus importante, du bien-être dans la société et dans les entreprises. Différentes thématiques sont abordées dont les injonctions paradoxales d’uniformisation et de singularité des individus, les pratiques managériales « innovantes » réutilisant des hobbies pour tenter de conjuguer bien-être et performance (réunions-promenades, programmes d’équitation pour développer ses compétences managériales etc.), les programmes d’activité physique ou visant à influencer l’alimentation des individus, la recherche du bonheur, les dérives et mésusages de la psychologie positive conduisant à individualiser la responsabilité des individus vis à vis de leur situation, les impacts de la quantification de soi ou les usages de la ludification, la pression imposée aux personnes malades alors même que l’arrêt maladie apparait parfois comme le seul instant où se permettre d’accepter le rythme de son corps, ou les mouvements et pratiques qui contestent ces normes tout en ne parvenant qu’à s’en extraire partiellement comme le barebacking ou le fat acceptance movement. En définitive, à travers ces thématiques, les auteurs illustrent le paradoxe qu’ils identifient dans le syndrome du bien-être : subir des injonctions pour trouver un équilibre de vie et de bien-être mais finir assujetti à cette recherche et ne pas en tirer les bénéfices escomptés, faire de multiples efforts pour atteindre une forme de bien-être et d’accord avec nous-même mais se sentir plus mal et étrangers à nous-même. Ils évoquent également les effets négatifs sur la société de ces démarches comme le développement d’une biomorale, voire d’un hygiénisme, conduisant à des conséquences graves comme la discrimination, la culpabilisation des individus qui ne parviennent pas à se conformer à la norme dictée ou encore la non-mise en oeuvre de réformes structurelles nécessaires au bien-être collectif par exemple. |
Qu’a-t-on particulièrement aimé ? | Les auteurs illustrent leur réflexion de références historiques ou théoriques réelles et issues de différentes disciplines ainsi que d’exemples factuels d’entreprises, de gouvernements ou de pratiques sociétales. Des références sont présentes en bibliographie pour vérifier ces exemples. La critique de la place croissante du bien-être ne relève donc pas d’un simple avis des auteurs mais d’une réelle analyse interdisciplinaire de ce phénomène. Nous regrettons cependant que l’analyse du phénomène soit rarement faite par le prisme de la psychologie, notamment la psychologie sociale. Le langage utilisé est simple et le livre se veut accessible au plus grand nombre, les références étant toutes expliquées. Les rares recours à la psychanalyse sont en outre clairs et permettront au lecteur de comprendre et adopter la posture critique qui lui conviendra vis-à-vis de ces arguments, ce qui n’est pas répandu. Une bibliographie indicative par chapitre est fournie en fin de livre pour permettre au lecteur de creuser davantage la question. In fine, ce livre offre une première approche pour réfléchir à la place grandissante des programmes de bien-être, qu’ils reposent sur le sport, l’alimentation, la pensée positive, le développement personnel ou autre. Les lecteurs pourront ensuite creuser le sujet en lisant des livres spécifiques aux disciplines les intéressant (philosophie, psychologie, sociologie …). |
Considère-t-on qu’il puisse s’agir d’un livre de référence sur sa thématique ? | Oui, sur le développement des actions « bonheur » dans la société, dans les entreprises et leur impact. |
Sinon, pourquoi ? | / |
A quel public le conseillerions-nous ? | La population générale. Toutefois, nous aimerions insister sur le fait que nous le conseillons particulièrement aux personnes qui seront en charge de programmes relatifs au bien-être (dans les organisations ou dans les politiques publiques) afin de favoriser un regard critique vis-à-vis d’actions à la mode pouvant sembler attrayantes (développer le sport en entreprise, développer un programme d’éducation nutritionnelle, développer le coaching bien-être, diffuser des connaissances sur la recherche du bonheur etc.). |