Nous avons pu présenter les professions réglementées et les professions non réglementées du champ « psy » dans nos pages. Mais il arrive que nous tombions sur de nouvelles façons de tricher sur les titres. Aussi, ce format est dédié à ces acteurs cherchant à vous tromper.
Aujourd’hui, nous allons parler de ces professionnels qui disent avoir lu le DSM.
Mais qu’est-ce que c’est ?
Nous avons pu tomber sur certains professionnels qui indiquent sur des réseaux sociaux professionnels ou leurs sites professionnels se différencier de leur concurrent car ils ont lu et ont été formés au DSM. En général, il s’agit de coachs qui invitent leurs potentiels clients à privilégier des coachs « connaissant le DSM » aux coachs ne le connaissant pas.
Certains prétendent que cela leur permet d’identifier d’éventuels problèmes de santé mentale sous-jacents et d’accompagner au mieux leurs clients, sans faire d’erreurs. Ils indiquent donc comme titre un intitulé comme « coach formé en psychopathologie ».
D’autres disent que cet outil leur permet de repérer des problèmes de santé mentale et savoir comment ne pas les aggraver dans leur pratique de coaching, ou s’il faut réorienter leur client.
Qu’en penser ?
Le DSM est un manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (en anglais : Diagnostic & Statistical Manual of mental disorders). Il est édité par l’association américaine de psychiatrie, et nous sommes actuellement à la 5e édition révisée. Ce manuel vise à répertorier et classer les troubles mentaux ainsi que leurs symptômes les plus communément admis, offrant une sorte de consensus professionnel et donc de langage commun potentiel sur la question. La version « mini » se limite à cela, tandis que la version complète apporte également différentes statistiques épidémiologiques (populations les plus touchées, facteurs de risques, comorbidités etc.).
Le DSM n’est pas le seul exercice de classification des troubles. L’organisation mondiale de la santé publie la CIM (classification internationale des maladies), actuellement nous en sommes à la CIM-11. Cette autre classification veut offrir un langage commun aux différents professionnels de santé et aborde, entre autre, les troubles en santé mentale. Chaque trouble et manifestation sont codées afin de faciliter les déclarations dans diverses situations (déclaration de décès par exemple). Enfin, diverses classifications peuvent avoir été initiées par différents courants, comme le courant psychanalytique, avec plus moins de spécificités (par exemple se concentrer sur les troubles de l’enfant et de l’adolescent pour la CFTMEA).
Ces classifications ne sont pas sans provoquer des débats parmi les experts et les professionnels. Certains professionnels rejettent l’idée même de classification telle que proposée par le DSM (en reprochant par exemple de s’intéresser uniquement aux symptômes et non au fonctionnement global du sujet, ou d’oublier l’individualité du patient en l’enfermant dans une catégorie générale), tandis que d’autres débattent des mises à jour de ces classifications (disparition ou apparition de certaines catégories de troubles en fonction des versions du DSM par exemple).
Nous ajouterons qu’au delà du débat concernant l’intérêt des classifications, la pertinence de la version en cour de chacune ou la classification à privilégier, lire ou s’aider d’une classification des troubles ne fait pas du professionnel un expert en psychopathologie. Les formations des psychologues et des psychiatres ne reposent pas sur de simples outils abordés (comme les manuels, les techniques thérapeutiques etc.) et étudient la complexité du fonctionnement et de la santé de l’individu. Un psychologue psychothérapeute et un psychiatre ne se contenteront pas de lister un ensemble de symptômes identifiés dans le DSM ou la CIM pour évaluer si un patient souffre d’une pathologie. En revanche, ces signes cliniques pourront éclairer leur réflexion sur la situation du patient et son fonctionnement durant la phase d’anamnèse.
Face à ça, que retenir ?
Plusieurs réflexes, non exhaustifs, sont à retenir :
- Si des professionnels souhaitent se former à la santé mentale, sans être psychologue ou psychiatre, et en étant davantage dans l’objectif d’identifier une souffrance et rediriger vers les professionnels compétents en intervention précoce, comme cela peut être le cas de certains coachs, nous invitons à privilégier des formations citoyennes telles que les premiers secours en santé mentale, que nous avions présenté ici, plutôt que la simple formation à des outils ou la lecture d’une classification des troubles.
- Si vous pensez souffrir d’un trouble en santé mentale, prenez contact avec un psychologue psychothérapeute, un psychiatre ou votre médecin généraliste afin de commencer à aborder la question. Privilégiez les professions réglementées, qui garantissent un socle minimal de formation même s’il existera toujours de mauvais professionnels dans chaque profession, y compris les professions réglementées.
- Si vous êtes un professionnel de l’accompagnement non « psy » (coach, sophrologue, formateur, consultant etc.) et soupçonnez une situation de trouble en santé mentale chez l’un de vos clients, pensez à l’orienter vers les professionnels adéquats et n’essayez pas d’utiliser des outils (comme les classifications) ou des techniques thérapeutiques que vous auriez pu découvrir dans un livre ou une formation courte. Mal utilisés, ces éléments peuvent être dommageables à la santé de vos clients.
- Evitez les titres semant la confusion comme peuvent l’être des intitulés tels que « coach en psychopathologie », « coach spécialisé en psychopathologie », « coach spécialisé en psychothérapies », « coach thérapeute » etc. Le coaching peut être utile dans divers domaines et nous ne vous détournons pas des coachs qui sont clairs sur leurs objectifs et leurs limites et compétents dans leur domaine d’expertise, mais le coaching ne se substitue jamais à des accompagnements en psychothérapie ou en médecine.
- En cas de doute sur la formation de votre interlocuteur, demandez la lui. Un coach pourra vous donner le nom de ses formations et organismes de formation ainsi que ses certifications éventuelles. Un psychologue pourra vous indiquer ses diplômes et spécialisations et vous donner son RPPS. Idem pour le psychiatre. Vous éviterez donc de prendre un coach qui n’est pas pertinent pour votre problématique, ou un psychologue qui n’est pas spécialisé en psychothérapie pour débuter une psychothérapie.
Soyons tous vigilants envers les professionnels à qui nous confions notre santé mentale !